Divorce, décès, déménagement… En matière d’expertise mobilière comme dans d’autres grandes occasions, la règle des trois D prévaut.
L’idée est simple : éviter les conflits familiaux et être en règle avec le fisc. Qu’il faille liquider votre succession, répartir les biens avec votre ex-conjoint ou encore laisser sur place du mobilier encombrant lors d’un déménagement, le recours à un professionnel se justifie.
« Et plus qu’il y a dix ans, beaucoup procèdent au partage de leurs biens de leur vivant, ajoute Louis Balange, spécialiste du secteur, et font appel aux professionnels, afin de ne pas désavantager un enfant et d’éviter les problèmes à venir. »
Autre cas dans lequel une expertise est utile : lorsqu’il s’agit de faire assurer un mobilier dont la valeur dépasse celle des forfaits habituels.
L’authenticité fait le prix
Cela étant, quels éléments font la valeur du bien ? « L’époque et l’artiste, mais aussi son état général. De façon classique, un meuble refait à plus de 25% ne doit pas être considéré comme un bien d’époque », argumente un professionnel.
L’authenticité est primordiale et justifie le coup d’oeil de l’expert. « La valeur de deux vases chinois peut différer de quelques millions d’euros, simplement parce que l’un, du XIXe siècle, par exemple, n’est que la copie du premier, qui a été réalisé plusieurs centaines d’années plus tôt. »
En peinture, la signature est une condition sine qua non de la valeur d’un tableau. Pour un bien mobilier, l’estampille – marques au feu apposées dans le fond des tiroirs ou sur les traverses des meubles – est également susceptible de rehausser le prix.
« Une petite table du XIXe siècle de Riesener, l’un des ébénistes de la reine Marie-Antoinette, est un objet exceptionnel qui peut se vendre quelque 20 000 euros, selon Philippe Jalenques, commissaire-priseur à Clermont-Ferrand et président d’Inter-Enchères. En revanche, une table rustique en bois massif se soldera quelques dizaines d’euros.
Dans le même ordre d’idée, lors d’une vente aux enchères organisée à Clermont-Ferrand en décembre dernier, une petite boîte des années 1930 signée Jean Goulden a été adjugée à 54 000 euros, alors qu’un cabinet de travail du XIXe siècle non estampillé, composé d’un bureau, d’une bibliothèque et d’un fauteuil, n’aurait pas trouvé preneur au-delà de 1 500 euros.
Le mobilier de nos parents déjà has been
Le marché des oeuvres d’art est soumis à la loi de l’offre et de la demande, donc aux effets de mode. « Aujourd’hui, le mobilier de nos parents qui, datant des XVIIIe et XIXe siècles, était une référence ces cinquante dernières années n’est plus apprécié », constate Philippe Jalenques.
Par ailleurs, les jeunes acheteurs ne veulent plus s’encombrer de meubles volumineux, lourds et sombres, ni se compliquer la vie avec des objets qui se détériorent. « Les armoires ne valent plus rien, selon le commissaire- priseur. Les salons et salles à manger en merisier ont une valeur vénale d’autant plus faible qu’ils constituent l’essentiel des actifs à vendre. »
La demande se focalise sur les très beaux meubles anciens ou sur le contemporain. Le mobilier des années 1930 à 1980 aurait son public, les jeunes générations appréciant ses lignes pures. Idem pour des meubles design de créateurs contemporains.
Enfin, la prime va aux meubles facilement logeables ; ainsi, il serait plus facile de vendre une petite table de salon qu’un bahut.
Attention aux estimations trop généreuses
A défaut de biens exceptionnels, faut-il faire venir un expert ? « A chacune de nos visites, nous tentons de discerner les motivations du vendeur. Si les objets n’ont qu’une valeur secondaire et qu’il veut à tout prix s’en débarrasser, nous l’invitons bien souvent à prendre contact avec des associations caritatives », avoue Philippe Jalenques.
Le commissaire-priseur évalue le bien au prix de ventes publiques observées lors des dernières enchères. Si les biens n’entrent pas dans les standards décrits ci-dessus, ils ne valent pas grand-chose.
En matière de succession, faire un inventaire fiscal peut se justifier, surtout si la valeur de vos biens est faible ; à défaut, vous serez soumis au forfait de 5% de l’actif successoral.
Enfin, l’expertise d’assurance peut réserver de bonnes surprises. En effet, les compagnies se réfèrent à la valeur de remplacement de l’objet lorsqu’on l’acquiert chez un antiquaire. Or cette valeur est beaucoup plus élevée qu’en vente publique.
Pour autant, évitez les contrats trop protecteurs : le fisc pourra s’y référer pour le calcul de vos droits de succession, le cas échéant. Ce qui aura pour effet d’alourdir votre impôt.